Pendant combien de temps encore la direction de Publihebos va-t-elle imposer aux journalistes de travailler pour ses sites Internet sans aucunecontrepartie ? Le SNJ réclame l’ouverture d’une négociation.
La direction a cru pou voir régler la questiondu multimédia à Publihebdos par le biais d’une prime de 200 € brut qui aurait été versée unefois pour toutes. C’est ce qu’elle a proposé au détourd’un projet d’accord sur les droits d’auteurs en 2012. Le SNJ a évidemment refusé cette aumône qui aurait compromis l’ouverture de toute discussion sérieuse sur le sujet.
Or depuis trois ans, à mesure que chacun de nos titres créait son site Internet, nombre d’entre nous ont accepté, sur la base du volontariat (c’est la direction qui le disait), d’y contribuer bénévolement. Aujourd’hui, fini de rire, la direction menace de représailles ceux qui n’entendent pas passer des heures à facebooker, tweetter et poster des articles hors de tout cadre négocié. Le multimédia, dont notre PDG Francis Gaunand lui-même affirme,à longueur de tweets, qu’il représente l’avenir de la presse, ne mériterait donc aucune discussion ?
À Ouest-France,un accord depuis 2007
Le SNJ, lui, estime au contraire qu’il faut plus que jamais contraindre la direction à ouvrir des négociations, vu les bouleversements à l’œuvre dans toutesles rédactions : nouveaux outils, nouveaux rythmes de diffusion, nouveaux modes d’expression, nouvelles pratiques journalistiques…
Internet a non seulement des effets sur l’organisation du travail, avec des tâches qui se surajoutent à celles existantes, mais également sur le contenu et la qualité de l’information : politiquedu buzz, du sensationnalisme, de la rapidité au détriment de la vérification. Il faut noter qu’à Ouest-France, la direction du groupe Sipa a accepté designer dès 2007 un accord multimédia, sans doute plus consciente des véritables enjeux du Web. Celui-ci s’est traduit par des embauches de journalistes dédiés à l’Internet. Si notre direction persistait dans son incompréhensible refus de négocier, elle porterait la responsabilité d’un sous-développement de nos titres dans l’univers numérique.
La section SNJ de Publihebdos
Rennes, le 18 décembre 2013.
Ce que dit la loi
La direction s’appuie sur l’amendement Kert (loi Hadopi) pour passer en force sur le bimédia. Cet amende-ment a modifié le Code dutravail (Art. L.7111-5-1) : lacollaboration entre une entreprise de presse et un journaliste professionnel porte sur l’ensemble des supports dutitre de presse. Mais cette disposition n’est pas rétroactive. Elle ne s’applique qu’aux contrats postérieurs au 12 juin 2009. Autrement dit, il n’existe pas d’obligation pour un journaliste embauché avant cette date de travailler gratuitement pour le Web.
Où en sont les quotidiens normands ?
Le SNJ au sein de Paris-Normandie, Havre-Libre, Havre-Presse et Progrès de Fécamp a les mêmes exigences : le principe de l'ouverture d'une négociation est acquis, reste apparemment à régler des problèmes d'agenda sachant que si le multipédia est un enjeu cardinal pour le SNJ, il n'est pas forcément revendiqué comme tel par d'autres organisations qui sont dans le même champ de syndicalisation.
Le SNJ a par ailleurs demandé, et le demandera encore, un CHSCT extraordinaire sur les modifications des conditions de travail qu'imposent les nouvelles technologies.