Dans la nuit du vendredi 22 au samedi 23 novembre, le Sénat a voté une disposition qui, si elle était retenue, viendrait aggraver considérablement la situation de nombre de journalistes.
Le Syndicat National des Journalistes (SNJ), première organisation de la profession, est stupéfait et plutôt en colère.
Depuis longtemps, en effet, le SNJ demande que le système des aides à la presse, 1,2 milliard d’euros par an pour les entreprises (cf. rapport du député Michel Françaix), soit entièrement remis à plat afin que des critères sérieux soient établis en toute transparence et des contrôles de la bonne utilisation de cet argent public soient enfin mis en place.
Les sénateurs qui avaient demandé un rapport sur ce dossier à la Cour des Comptes l’ont reçu. La Cour fait le même constat que le SNJ et est sévère dans ses conclusions. Elle stigmatise notamment la faiblesse des justifications existantes de l’utilisation de cet argent public et appelle à des reformes importantes.
Le SNJ rappelle que l’importance de ces aides est proportionnée à ce que les citoyens peuvent en attendre : une information de qualité et une presse pluraliste.
Réaction des sénateurs : s’attaquer au pouvoir d’achat des journalistes !
L’allocation pour frais d’emploi, qu’ils veulent mettre partiellement à bas et dont le montant est gelé depuis plus de 20 ans, permet en effet aux journalistes d’être forfaitairement aidés pour les frais engagés pour leur travail, frais qui sont de moins en moins couverts par les entreprises.
La disposition votée est inique et injuste. Elle couperait la profession au moyen d’un seuil très artificiel et mouvant. Elle établirait une discrimination entre les catégories de journalistes. Elle pénaliserait tout un mode de fonctionnement de la profession.
Le SNJ appelle les sénateurs à se mettre en accord avec leur objectif initial qui était de proposer une véritable réforme, celle des aides à la presse, afin que l’utilisation de l’argent public corresponde vraiment à ce que les citoyens sont en droit d’en attendre.
Paris,